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Louis Jucker / Chronique LP > Something went wrong

Louis Jucker - Something went wrong Louis Jucker, l'indéboulonnable prince suisse de la folk lo-fi bricolée, nous revient avec Something went wrong. Présenté par l'intéressé comme son œuvre la plus aboutie à ce jour, cette dernière est une sorte d'auto-portrait construit et façonné à travers dix nouveaux titres faits maison en Suisse. Aidé de quelques amis (Steven Doutaz de Cochon Double à la batterie sur "The dam" et aux chœurs sur "Our eastern wedding" en compagnie de Camille Mermet et Louis Schild (LEON), Louis continue d'expérimenter ses sonorités, son univers visuel (avec son ami Augustin Rebetez) et de rechercher une forme absolue d'authenticité dans le confort de sa frugalité. Car l'arsenal du chanteur de Coilguns se résume à peu de choses près à une guitare, un petit amplificateur, une boite à rythmes low-cost et de quelques vieux instruments retapés, le tout enregistré sur un 8 pistes cassette pour donner de la force à cette ambiance si intimiste follement désirée. Mélancolique tout en étant par moments brumeuse, cette folk touche à la fois par son effet miroir poétique (avec une prédominance sur les questions existentielles, le bilan d'une période de vie) mais également par de solides mélodies et un falsetto bien éloigné des hurlements du gaillard chez Coilguns. Qu'on aime ou pas, ce disque s'avère être finalement non pas seulement celui qui semble être le plus abouti mais également le plus accessible et, avec le cap de la trentaine atteint, Louis Jucker livre en effet l'un, si ce n'est son plus beau bilan musical de ses dix dernières années.

Louis Jucker / Chronique LP > Play Kråkeslottet and other songs from the northern shores

Louis Jucker & Coilguns - Play Kråkeslottet and other songs from the northern shores Sorti en mars 2019 Kråkeslottet est un album solo de Louis Jucker, frontman de Coilguns, un peu plus d'un an plus tard, on peut trouver dans les bacs une nouvelle production signée Louis Jucker & Coilguns (donc pas vraiment Louis tout seul, ni vraiment son groupe) et intitulée Play Kråkeslottet and other songs from the northern shores.

C'est quoi ce bordel ? C'est tout simplement une nouvelle expérience des Suisses, on navigue entre les univers des deux entités avec quelques morceaux déjà parus ("Seagazer", "The stream", "Storage tricks", "Back from the mine", "Merry dancers") en version bien plus rock où la saturation et les basses viennent remplacer le sentiment d'intimité qui prédominait sur l'œuvre originale. Les "autres morceaux des rivages septentrionaux" font la part belle aux instruments classiques (guitare, batterie) et si les constructions ne sont pas tout à fait basiques, on reste loin de la folie déstructurée et dévastatrice de Coilguns. Les ambiances varient d'un morceau à l'autre, "We will touch down" laisse vivre l'envie d'être un song writer où le chant et le timbre jouent un rôle prépondérant, la distorsion granuleuse de "A simple song" sonne comme un revival des seventies, "The woman of the dunes" donne dans le stoner désabusé tandis que l'ultime "Stay (In your house)" renoue avec Kråkeslottet et l'assemblage de sons (de bruits ?) du quotidien pour habiller un titre qui démarre sans vraiment se lancer avant de s'énerver sévèrement sur sa partie finale pour devenir un brûlot rock du meilleur goût.

Louis Jucker & Coilguns Play Kråkeslottet and other songs from the northern shores démontre que les Helvètes ne sont jamais à court d'idées et que le fait de transformer en live des titres folk en hits gavés d'énergie rock peut aller plus loin que des expériences de tournée. Rebosser chaque partie, en ajouter d'autres pour créer un album complètement nouveau, c'est un truc de dingue mais finalement, que cette fine équipe réussisse aussi bien dans cette aventure ne nous étonne pas...

Louis Jucker / Chronique LP > Kråkeslottet

Louis Jucker - Krakeslottet Louis Jucker profite de chacun de ses voyages et de ses rencontres pour sortir un disque. C'est un compulsif, à tel point que chaque année, le frontman de Coilguns nous pond un nouvel album que ce soit en solo ou avec ses diverses formations. Peu importe la qualité de production ou même artistique, Louis chie ses idées nées de lubies sur bandes. Son dernier album nommé Kråkeslottet a été composé et enregistré en une semaine dans et aux alentours d'une cabane de pêcheur (mais aussi dans une église) au dessus du cercle polaire en Norvège en plein hiver alors qu'il était en vacances. Armé d'un zoom et de quelques micros (ce qu'on utilise pour nos interviews, donc très lo-fi), mais aussi d'instruments trouvés sur place (harmonium, piano, cithare...), Louis Jucker a accidentellement pondu un œuvre très personnelle et de façon très spontanée. Cela se ressent inévitablement, c'est d'ailleurs ce qui lui confère un certain charme, même si tout n'est pas bon. Chaque détail environnemental est perçu (son de plancher qui craque, bruits des vagues, présence humaines...) dans cet album souvenirs qui nous met dans une position inconfortable de voyeuristes.

Louis Jucker / Chronique LP > The black lake

Louis Jucker - The Black Lake Musicien suisse plutôt issu des milieux extrêmes voire bruitistes, à en juger par ses différentes collaborations (Kunz, Coilguns, The Ocean, The Fawn), Louis Jucker a commencé à publier depuis 2012 ses enregistrements solo (trois EP et deux albums) sur Hummus Records. Le dernier LP en date, The black lake, arrive pile un an après son prédécesseur, Eight orphan songs. Alternant chant chuchoté, parlé ou haut perché, le disque renferme quelques pépites assez hypnotiques ("Story-tellers", "Six deers on our way home", "Don't make up monsters") qui brillent d'autant plus par leur économie de moyens. Un univers différent s'ouvre avec chaque titre, tant du point de vue de la production que du choix des instruments (guitare, percussions, mélodica notamment). Autre fait intéressant à noter : peu d'artistes viennent en tête à l'écoute de ces huit titres très épurés.
Un disque lo-fi et intimiste dont les mélodies torturées résonneront quelque temps dans un coin de votre tête, à condition d'accepter de se plonger quelques minutes (à peine vingt au total) dans les compositions de ce jeune musicien talentueux.

Louis Jucker / Chronique LP > Eight orphan songs

Louis Jucker - Eight orphan songs Quand il ne ferraille pas avec Coilguns, Kunz, le collectif pop expérimental helvète The Fawn ou du côté du mastodonte The Ocean), Louis Jucker œuvre également sur son projet solo folk/pop/lo-fi pour lequel il a déjà publié pas moins de quatre enregistrements studio (Chinese sketches, Everything comes back the same, Spring! Spring! Spring! puis Eight orphan songs). Ce-dernier, sorti chez Hummus Records (Coilguns, Impure Wilhelmina, Lune Palmer, NVRVD...), se révèle être pur disque de songwriter selon la formule consacrée. Mais surtout le recueil d'une petite huitaine de jolies pépites classieuses et DIY à souhait.

En témoignent notamment le très beau "Feathers", tout en brisures mélodiques fragiles ou "People are noises" et ses ritournelles empreinte de magnétisme épuré. Minimaliste de par ses arrangements comme fouillé dans son songwriting lo-fi, Eight orphan songs est un disque habité par les dieux du folk lorsque ceux-ci s'acoquinent de près avec les grandes prêtresses d'une pop DIY débarrassée de leurs apparats les plus encombrants ("We lived a mountain", "The girl that left you at the bus stop"). Un album qui au détour d'un climax un peu plus électrique, d'une complainte légèrement enfiévrée fait succomber l'auditeur sans l'air d'y toucher, ce, même s'il trouve aussi ses quelques limites sur "I cursed you".

Quelques "facilités" là où Louis est capable de très belles choses par ailleurs, un très léger manque d'originalité dans l'approche nostalgique, rapidement effacé par cette ambiance propice à l'abandon mélancolique. Ce presque blues naissant régulièrement au détour d'une mélodie venant se fissurer contre les murs du studio, un phrasé venant se briser contre les accords d'une guitare qui se veut si fugitive, indépendante, sincère ("Sleepwalkers"). A l'image de son auteur, qui a le bon goût doublé d'une réelle intelligence artistique, d'écourter ses compositions afin de ne pas les laisser trainer en longueur inutilement et préserver de ce fait leur caractère instantané, le disque recèle quelques trésors de solitude indie-folk racée. Mais pas que.

Un timbre de voix caractéristique, une écriture qui veut sans cesse dire quelque chose qui n'a pas été déjà prononcé plus tôt dans l'album ("You are my glasses") - ou mille fois chez d'autres - et une très belle conclusion (l'émouvant "Major Chords solve minor problems"), Eight orphan songs est une oeuvre qui parle à l'intime avec un sens aigu de la pureté. Tant dans l'émotion véhiculée que du point de vue du caractère de la démarche de Louis Jucker, un musicien aux talents multiples qui a bien raison de les partager, avec toute la retenue qui le caractérise mais un esprit de liberté et une intégrité qui accroissent considérablement son potentiel de sympathie. Et comme le garçon sait écrire des très belles chansons...

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