Cette 15e édition est particulière, sur 2 week ends mais également avec une difficulté à caler les emplois du temps professionnels pour être présent durant tout le fest. Le choix a été difficile car tel un enfant dans une boutique de bonbons, nous avons envie de tout goûter mais le rythme est assez dense avec plus de 12 kms par jour pour joindre les différentes scènes. Le choix se porte donc sur The Darkness, qui a récemment retourné le Trianon. Rencontre avec Rufus Tiger Taylor, qui est bien né puisqu'il a un père batteur de Queen et qu'il le remplace à l'occasion dans cette formation. Bon sang ne saurait mentir. C'est pour The Darkness que nous avons pu échanger avec lui.
Rencontre à quelques heures de leur concert sur la Mainstage par 45° à l'ombre, dans les backstage du Hellfest, la tente « presse » servant d'antichambre de l'enfer avec près de 55°.
Merci beaucoup de nous accorder cette interview. Nous sommes en 2022 et les deux dernières années ont été difficiles. Je commence donc, depuis la pandémie, mes interviews par la question suivante : Comment avez-vous fait face à la pandémie et au Brexit ? Beaucoup de groupes ont connu des difficultés pendant ces deux années.
C'était la merde mais je pense que tout le monde n'a pas eu notre chance. J'ai eu de la chance. J'étais en Cornouailles à l'époque, qui est un endroit sur la côte et donc j'avais un peu d'espace. Ce n'était pas comme si j'étais enfermé à Londres, comme tous mes amis. J'ai eu beaucoup de chance de vivre mes confinements à cet endroit. Mais c'était difficile. Nous souhaitions réaliser un nouvel album et le contexte ne facilitait pas les choses. Nous avons malgré tout réussi à écrire et à enregistrer cet album pendant le second confinement, quand nous avions plus de facilités à nous déplacer. Mais la pandémie n'a tout de même pas rendu les choses faciles. Justin était en Suisse pendant tout ce temps. Faire un album quand tout le monde est dans un pays différent est très compliqué et ce n'est pas une chose que nous comptons reproduire à l'avenir.
Les différents groupes que nous avons pu interviewer nous ont dit que cela avait considérablement changé leur façon de composer et d'enregistrer.
C'est sûr que nous avons dû changer la façon dont il fallait aborder l'album. Nous avons tous fait en sorte que cela marche mais nous ne le referons pas. On aime être dans la même pièce et discuter des morceaux.
Vous avez pu, entre les confinements, réaliser quelques dates pour défendre l'album, car vos chansons se consomment en live ?
C'était vraiment amusant à jouer en live notamment la première chanson, "Welcome to Glasgow". On a commencé avec ça lors de la tournée au Royaume-Uni et en Amérique et ça a vraiment bien marché. Cela permet de reprendre contact avec les gens.
Et vous avez eu l'opportunité de faire toute la tournée avec le COVID ou vous étiez obligés d'annuler des dates ?
Nous avons dû annuler une tournée américaine et une tournée européenne mais nous avons réussi à décaler la tournée américaine plus tard et nous attendons toujours de pouvoir finir la tournée européenne pour défendre cet album.
Vous avez déjà commencé les festivals d'été ?
Effectivement, c'est la saison des festivals et nous aimons partager l'affiche avec d'autres groupes.
Les festivals entrainent également des setlists plus courtes en fonction des heures de passage, ce n'est finalement pas plus mal avec cette chaleur.
Je pense que je pourrais mourir sur scène par cette chaleur. Mais c'est bon, je relativise, nous sommes au Hellfest. Donc je vais essayer de trouver un seau de glace quelque part juste pour sauter dedans avant le concert. Que doit-on attendre de notre concert ? De la sueur et du rock surtout avec cette chaleur et ce public.
The Darkness
Vous avez récemment sorti un album live ?
On en a sorti quelques-uns mais plus récemment nous avons fait un live streaming White Christmas. Ce qui était vraiment amusant, c'est que nous étions censés avoir 300 personnes dans la salle pendant le confinement mais en respectant la distanciation sociale. C'était à la fin de la pandémie, presque à la toute la fin. Mais le jour précédent le concert, nous avons reçu un message qui nous indiquait que nous ne pouvions pas recevoir de public dans la salle. Donc, nous avons dû rembourser les billets. Et puis nous avons juste joué devant une salle vide. Mais c'était vraiment bien car des gens ont pu suivre le live en ligne dans le monde entier. C'était une manière pour nous de donner un peu d'oxygène à ces gens. Pour revenir au concert de cet après-midi, cela fait vraiment plaisir de jouer dans ces conditions.
Nous pouvons aborder la pochette de votre dernier disque. Toutes vos pochettes ont toujours une esthétique particulière. Est-ce un membre du groupe qui a réalisé la pochette ?
En réalité, nous faisons cela démocratiquement, nous jetons tous des idées dans un chapeau. Pour cette pochette, j'ai eu l'idée de faire un truc du genre Barbarella, et les gars ont vraiment aimé cette idée. Et nous avons cette brillante artiste, Chiara [Mazzoni ndlr], une Italienne. Elle est incroyable. Elle a fait nos deux dernières pochettes d'album [Mortorheart 2021 - Easter is cancelled 2019 ndlr] et elle fait beaucoup de dessins pour nous. Elle est venue avec cette idée brillante et nous avons flashé dessus.
C'est vraiment bien. À propos des tournées et de l'écriture en famille, avec une fratrie, est-ce que c'est quelque chose qui crée de la tension de travailler ainsi ?
Non, nous ne sommes jamais vraiment énervés même s'il peut y avoir des désaccords. Comme je te l'ai dit cela fonctionne quand nous sommes tous dans une pièce. L'un d'entre nous a une idée et même si on déteste l'idée, il faut l'essayer. Et si ça ne marche pas, on passe à une autre idée sans se chamailler.
The Darkness
C'est effectivement plus difficile de fonctionner comme cela à distance.
La pandémie a rendu la composition plus difficile. Il n'y avait principalement que Dan et moi. Nous composions toute la musique et ensuite nous envoyions les chansons à Justin. Il mettait alors des paroles dessus et les renvoyait avec un solo de guitare. Mais ce n'est pas notre façon habituelle.
Préparez-vous une setlist spéciale pour les festivals ou vous en avez une différente par jour ?
Ça dépend de quel genre de festival il s'agit et de la durée du concert.
Combien de temps allez-vous jouer au Hellfest et que devons-nous attendre de votre concert sur la Mainstage ?
Je pense qu'aujourd'hui c'est 45 minutes. Nous allons envoyer nos morceaux les plus metal car c'est ce que le public attend.
Avez-vous joué au Download ou à Reading cette année ?
Nous n'avons pas joué à Reading mais nous avons fait le Download le week-end dernier. C'était vraiment, bien. Une foule énorme. On a adoré.
Skindred en 2019 faisait la tête d'affiche du Download et jouait en matinée ici mais il m'a indiqué que c'était une grande fierté de jouer à Clisson. Donc vous êtes aussi fiers d'être ici au Hellfest, même si vous ne jouez pas en soirée ?
Absolument. Nous adorons les festivals. Aujourd'hui il va faire très chaud et ça aurait été bien de jouer un peu plus tard, à la tombée de la nuit. Mais nous reviendrons en tant que tête d'affiche un jour.
C'est ce que Frank Carter a dit hier : « la dernière fois, je jouais sur la Warzone. Aujourd'hui je suis sur la scène principale à midi et il fait chaud comme en enfer mais comptez sur moi pour jouer en soirée la prochaine fois ».
Jouer en plein après-midi, on peut s'attendre à de la sueur. Beaucoup de sueur. Ça va être percutant et plein d'action. Je pense que ça va être un assaut que nous allons faire aux festivaliers, ils ne sont pas prêts.
Avez-vous de nouveaux morceaux à nous présenter ?
Nous n'avons pas encore commencé à composer. Nous sommes généralement concentrés sur cet album et sur la tournée. Nous sommes en tournée mais nous allons écrire un nouvel album certainement à la fin de l'année. Comme je te l'ai dit nous avons besoin de nous poser pour composer.
Peux-tu nous parler des influences du groupe ?
Les principales influences du groupe sont Queen, AC DC et Thin Lizzy mais nous avons désormais notre son bien à nous et nous ne nous cachons plus derrière des influences.
Le maître du temps nous regarde et il me reste une seule question : Quelle est la question que je n'ai pas posée et quelle est la réponse à cette question ?
Maintenant c'est à mon tour de poser les questions ? Alors je vais poser celle-ci : pourquoi The Darkness est si impressionnant ? Parce que nous le sommes, tout simplement.
Merci beaucoup pour cette interview.
Merci, on se voit dans la fosse.
Merci à Rufus, Sabrina de Veryshow et Catherine Gaud, Aurore Hernu et Nathalie Ridard d'Ephelide.
Photos : JC Forestier