Metal Métal > Lofofora

Biographie > cactus magique

C'est en 1989 lors d'un concert d'Iggy Pop à Antibes que se rencontrent Phil Curty (basse), Erik Rossignol (batterie) et Reuno Wangermez (chant). Avec un certain Karl à la guitare, ils décident de former le groupe Lofofora, en référence à l'autre appellation du Peyotl, un cactus hallucinogène mexicain. Les premières années riment avec répétitions au studio Luna Rossa à Paris. Dans un premier temps, ils jouent une musique proche des influences du groupe (Bad Brains, Dead Kennedys, Fugazi, Granmaster Flash, Public Enemy) et aboutissent rapidement à une dizaine de titres. En 1990-1991, le groupe commence à effectuer ses premiers concerts. Des rencontres avec Edgar Mireux (batteur) et Pascal Lalaurie (guitare) vont leur permettre de trouver une stabilité mais aussi d'élaborer les premières maquettes. Cette même année (1992), ils intègrent le collectif Sriracha Sauce qui leur permet de répéter à l'Hopital éphémère et de décrocher une cinquantaine de concerts l'année suivante. Autre rencontre déterminante, celle de Patrice Bonnetaud qui leur permet d'obtenir des subventions du Fair (Fonds d'action et d'initiative rock) avec lesquelles ils vont financer leur premier 5 titres qui contient notamment une reprise du "Zobi la mouche" des Négresses vertes. Celui-ci est pressé à 2800 exemplaires et sera commercialisé en 1993. Le groupe fait son petit bonhomme de chemin dans le paysage rock français : ils tournent même avec Iggy Pop durant une quinzaine de dates mais surtout ont les honneurs d'un passage aux Transmusicales de Rennes. Lofofora signe un contrat d'édition chez Polygram en 1994 grâce auquel ils enregistreront un premier album chez David Weber au studio Forces Motrices à Genève. C'est finalement Virgin qui prendra Lofofora sous son aile et sortira ce premier opus commercialisé en mars 1995. Cette même année verra également le départ de Pascal et l'arrivée de Farid Tadjene (ex-Fast Unity) à la guitare. Le groupe bénéficie d'une certaine popularité mais reste hélas toujours dans l'ombre des No One Is Innocent et autres Silmarils. Plus d'une décennie après, on peut dire que les Lofofora ont plutôt bien rattrapé ce retard sur ces formations en se taillant une réputation de groupe live hors-du commun via des kilomètres et des kilomètres de concerts. Les Lofofora ont connu une petite période de crise après l'album Dur commer fer et ont vu les départs consécutifs de Farid (guitare) et Edgar (batterie) remplacés par Daniel Descieux (Noxious Enjoyment) et Pierre Belleville (ex-Artsonic). En 2009, Vincent, batteur de Zoe, vient remplacer Pierre à la batterie. La solide discographie du groupe est aujourd'hui constituée par des albums studios, des lives ainsi que par un album mi-reprises mi-live (double). En voici le détail :

Lofofora EP / Maxi 5 titres (1994)
Lofofora (1995)
Peuh ! (1996)
Dur comme fer (1999)
Double, Live, reprises et nouvelles versions d'anciens morceaux (2001)
Le fond et la forme (2003)
Lames de fond, Live (2004)
Les choses qui nous dérangent (2005)
Mémoire de singes (2007)
Monstre ordinaire (2011)

Review Concert : Lofofora, Lofo voit rouge à l'Alhambra (avril 2012)

Review Concert : Lofofora, Le Bal des Enragés @ la Tannerie (fév. 2010)

Interview : Lofofora, il y a 25 ans : Reuno de Lofofora

Conférence de Presse : Lofofora, MAOTFA 2018

Interview : Lofofora, Interview acoustique (mars 2018)

Lofofora / Magazine > Mag #32

Mag 32 : Lofofora Pas de gueule de bois au lendemain de notre vingtième anniversaire ! On reprend le cours normal des chroniques avec encore une fois un mag qui dépasse les 100 pages ! A l'honneur, les Lofofora en mode unplugged mais aussi d'autres interviews comme celles que nous ont accordé The Somnambulist, Rescue Rangers, Lysistrata, A Voodoo Experience, Here Lies Man, Coilguns, David Basso et The Very Small Orchestra ! Ca fait du monde mais ils sont encore plus nombreux au rayon chroniques avec entre autres (il y en a plus de 70 !) No One Is Innocent, Dani Llamas, Nebula, Dirty Shirt, Ghost, Hangman's Chair, Not Scientists, Dysfunctional By Choice, Pogo Car Crash Control, Fu Manchu, Alvvays, Stömb, Nick Oliveri, Sheik Anorak, Ropoporose, Black Stone Cherry, Rodrigo y Gabriela, Black Sabbath, Casey, Fishing With Guns, Jean Jean, Mudweiser, Marcellus Rex, Lizzard, Monkypolis, LocoMuerte, Cooper...

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Lofofora / Magazine > Mag #15

Mag 15 : Lofofora Mag 15 : Lofofora On envoie toujours du lourd avec une interview fleuve que nous a accordé Reuno de Lofofora mais aussi d'autres mots confiés par Helmet, Chapelier Fou, Kerretta et Orange Blossom ! Côté articles, tu peux lire notre avis sur les dernières sorties de Slash, Yob, Robot Orchestra, Merge, Lonely The Brave, Born Ruffians, H.O.Z, Unswabbed... Découvrir Empty Yard Experiment, Oliver, PigBearMan, Stevans, Peckinpah!, Under the Sun, White Ayrad... Tu peux aussi te plonger dans l'aventure extraordinaire vécue par Jose And The Wastemen au coeur de l'Amérique profonde, gagner des CDs, te faire peur avec un article trouvé dans la presse locale...

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Interview : Lofofora, L'épreuve de l'interview (sept. 2014)

Interview : Lofofora, Interview #4 : Ted vs Reuno (juil. 2009)

Interview : Lofofora, Interview #3 : Le fond et la forme par Reuno (mars 2003)

Interview : Lofofora, Interview #2 : Reuno (mai 2001)

Interview : Lofofora, Interview #1: Lofo à Dunkerque (octobre 99)

Lofofora / Chronique LP > Vanités

Lofofora - Vanités Soyons clair dès le départ, cela fait bien longtemps que nous n'attendons plus rien d'original en terme de créativité de la part des Lofo, comme ils pouvaient le démontrer dans les années 90. Les admirateurs du parcours du groupe, dont je fais partie, souhaitent simplement de nouveaux morceaux efficaces et pêchus pour se faire à l'idée qu'il est toujours bien vivant et ultra motivé à prendre la route. Car un concert de Lofofora est une expérience immanquable à chaque fois, une véritable messe punk pleine d'amour et d'énergie avec un peu de rage et de coups de gueule sincères à la clé. C'est aussi et surtout pour ça qu'on les aime... depuis 30 ans ! Mais ne soyons pas aussi catégoriques, car les Parisiens ont su surprendre leurs fans il y a deux ans avec un très bon album acoustique, Simple appareil, qui a pu montrer à cette occasion un tout autre visage. Une petite tournée plus tard, et le groupe était déjà en train de rebrancher ses instruments pour composer et enregistrer à une vitesse assez folle onze morceaux flambant neufs. On n'a presque pas eu le temps de digérer cette plaisante "digression" artistique, que Lofofora présentait Vanités en novembre 2019.

Ce nouvel album est à l'image de ses prédécesseurs, il use d'une imparable recette rock puisant autant dans le punk, le métal ou le hardcore, avec une redoutable envie de faire des morceaux captivants, majoritairement rentre-dedans, faciles à imprégner dans les ciboulots, et dont les structures sont relativement conventionnelles pour ne pas trop dérouter son auditoire. Vanités a en effet la particularité de ne pratiquement jamais faire de place à de morceaux relâchant la tension ("Désastre" et "La surface" doivent être les seules exceptions). Reuno prouve encore une fois qu'il maîtrise de mieux en mieux son organe et envoie avec classe ses strophes assassines et ses quatre vérités à un monde qui ne fait rien pour retarder sa perte. À ce titre, la très belle pochette est de circonstance et nous ramène dans le passé par le biais d'éléments graphiques datant de Dur comme fer (le "L" typographié de l'époque et le fond tribal). Une manière un peu détournée de répondre aux acerbes critiques du style "Lofo, c'était mieux avant !" ? Vanités a, en tout cas, les armes pour faire changer d'avis les plus sceptiques.

Lofofora / Chronique LP > Simple appareil

Lofofora - simple appareil Voilà, Lofofora l'a fait ! Sortir un disque acoustique était une étape que le groupe - qui est "plus près de la fin que du début" ("Les boîtes") - aurait pu ne pas envisager, comme beaucoup. Pourtant, l'idée s'est formalisée au bout de 28 ans d'existence par le biais de Phil, l'un des fondateurs encore présent avec son compère Reuno. Le temps de récupérer un batteur (Kevin Foley, connu pour ses blasts et son groove dans des formations aussi diverses que Benighted, Mumakil, Sepultura ou Nostromo) afin de remplacer Vincent le temps qu'il finisse son tour du monde en vélo avec sa nana, et le groupe est allé retrouver son producteur actuel, Serge Morattel, pour lui lancer le défi de façonner cet album acoustique dans les anciens studios des Disques Vogue à Villetaneuse. Un challenge que l'équipe tout entière a pris à cœur et qu'on attendait fatalement avec impatience et avec une certaine curiosité. Car Lofofora ne s'était jamais essayé, à notre connaissance, à l'exercice de la chanson acoustique.

Simple appareil met clairement à nu Lofofora. Sa musicalité fait logiquement preuve d'une légèreté qui en devient exquise au fur et à mesure de sa découverte, même les vocalises sont, de bout en bout, d'une étonnante clarté et l'on découvre finalement que Reuno est un chanteur qui sait s'adapter à tous les terrains dont celui de la chanson acoustique rock. Oui, Lofofora reste un groupe rock, même débranché, avec les aspérités qui le caractérise. Qu'elles soient vibrantes et punchy ("L'appétit", "Troubadour", "Sven"), qu'elles inspirent de la quiétude ("Théorème", "Les anges") ou qu'elles nous saisissent d'émotions par ses mélodies légères ("La splendeur", "La dose"), les onze compositions de ce Simple appareil sont comme une bonne sauce aigre-douce accompagnant un plateau de fruits de mer. On s'en délecte, les goûts varient selon le moment et si la formation est passée en acoustique, ce n'est pas pour autant qu'elle rejette d'un geste auguste sa marque de fabrique. En effet, on distingue clairement le riffing et les gimmicks de guitare de Daniel sur des titres comme "Les boîtes" ou "L'appétit" même s'il aime s'essayer à d'autres tonalités comme l'orientale "Le martyr". La basse de Phil a toujours été l'ossature de Lofofora et ne change pas de rôle sur Simple appareil où elle s'impose et se marie merveilleusement bien à la batterie grâce à ce son congrûment granuleux et gras. Quant à Reuno, ses textes non braillés et plus personnels s'en trouvent ainsi davantage mis en valeur et apporte une sensibilité supplémentaire à l'ensemble instrumental comme il a pu le faire par le passé chez Madame Robert. Quelques influences du chanteur viennent se répandre ci-et-là telle l'ombre de Bashung planant sur la langoureuse "Les anges" ou bien sur le titre-hommage au guitariste de Parabellum et du Bal Des Enragés, "Sven" ("On sait que tu n'es pas mort car le soleil brille encore").

Ce nouvel album un peu à part dans la discographie de Lofofora est un nouveau tour de force du groupe. Changer de style (donc une approche de composition différente), d'instruments (les gratteux ont du racheter et se faire la main sur du nouveau matos), incorporer un nouveau batteur habitué à des genres musicaux opposés et plus frontaux, revoir le chant et la façon d'écrire les textes pour qu'ils épousent au mieux l'acoustique, préparer une tournée en réadaptant certains des anciens morceaux, autant de travail et de bouleversements pour une formation même expérimentée comme celle de Lofofora, nous oblige à leur tirer un grand coup de chapeau car Simple appareil a tout de l'album réussi. Encore plus naturellement lorsqu'on a des affinités avec ce quatuor inoxydable.

Lofofora / Chronique LP > L'épreuve du concert

Lofofora-épreuve concert Au cours de son aventure, Lofofora a déjà passé le test de L'épreuve du concert gravé sur disque avec Double d'une part, puis sur un Lames de fond, doté pour l'occasion d'un DVD, qui survenait sur la tournée de Le fond et la forme. Jamais deux sans trois donc avec L'épreuve du concert, un état des lieux d'un groupe en live qui, après 25 ans de carrière, n'a que très rarement fauté sur les planches. Et ce n'est pas votre serviteur qui, les ayant vu plus d'une dizaine de fois toutes périodes confondues, vous dira le contraire. 17 titres composent le disque avec une belle mise à jour de la set-list, puisque ce n'est pas moins de 4 albums qui sont sortis depuis Lames de fond, sans compter la reprise d'"Ilôt Amsterdam" de Parabellum afin de rendre hommage au copain Schultz décédé au moment de la sortie de L'épreuve du contraire. Enregistré sur 2 dates (à la Cave à Musique de Mâcon et à la Vapeur de Dijon), ce disque met une fois de plus en valeur l'énergie brute et la virilité électrique du quatuor. La lourdeur des guitares (avec quelques pains à la clé) et du groove rythmique font de Lofofora une machine loin d'être empruntée. Son grain sonore agressif est à l'image des textes incisifs de Reuno qui sait toujours comment titiller son public pour le motiver et le rendre sauvage. En somme, un live fidèle à la formation qui ne surprend pas et qui, pour sûr, sera réservé aux fans déjà bien établis.

Lofofora / Chronique LP > L'épreuve du contraire

Lofofora - L'épreuve du contraire Lofofora nous délivre l'année de ses 25 ans L'épreuve du contraire, un huitième album au titre inspiré et inspirant de par son jeu de mot évident. Parce qu'il est un devoir pour chaque individu de ce monde de se remettre constamment en question, provoquer la contradiction (coucou les Mass Hysteria !) et d'agir, non sans difficulté, à sa manière et/ou collectivement pour que les choses tournent dans le "bon sens". Et si on ne doutait point de sa motivation à garder son rang de haut représentant du rock métallisé hexagonale, le groupe continue à se tenir droit dans ses bottes lorsqu'il s'agit de dénoncer, souvent avec ironie, la folie du monde dans lequel nous vivons. Mû par sa passion des mots et de l'écriture piquante, Reuno s'exprime sans détour sur la montée inquiétante et, on ne peut plus d'actualité, des idées nationalistes ("Pornopolitique"), l'individualisme qui mine notre société ("Le malheur des autres"), le machisme et la phallocratie ("Romance") et bien d'autres sujets tels que l'environnement ("Notre terre") et le malaise des rapports sociaux ("Contre les murs"). Produit à nouveau par Serge Morattel (Knut, Ventura, Hateful Monday...) dans un studio en campagne bretonne en quatorze jours, L'épreuve du contraire bénéficie du substrat sonore idoine pour porter cette rage verbale si familière au quatuor. Autrement dit, l'auditoire va recevoir une avoinée en mode business class à l'écoute de ce nouvel album, bien que les tempi et le ton varient en fonction des compositions. En êtes-vous sincèrement surpris ?

Car Lofofora reste Lofofora, formation qui a exploité jusqu'au fond des tiroirs la fusion punk-métal-rock. Indestructible, sa musique cultive le groove avec classe et ce dès le premier morceau, "L'innocence", brûlot taillé pour le live. Le groupe, toujours précis et énergique dans son entreprise, allie les riffs compacts et pondéreux à la fois néo ("Trompe la mort"), punk ("La tsarine"), rock US 90's ("Karmasutra"), métal ("Pornopolitique") ou post-métal/rock ("La dérive") et joue par moment avec de belles boucles de grattes résistantes ("Notre terre", "Pyromane") qui feront à coup sûr mouche sur scène, lieu où la formation excelle à mon sens. Pour preuve, son concert en juin dernier au Hellfest annonçant par la même occasion la couleur de cet album, a laissé de sources sûres certains des plus sceptiques sur le cul. Si Lofofora laisse encore quelques punchlines croustillantes dans cette œuvre, cette dernière manque cruellement, au vu de ses textes alarmistes, de morceaux plus légers comme il a su le faire auparavant avec "Buvez du cul", "Holiday In France", "Rock n' Roll class affair" ou "Weedo". Mais on apprécie toutefois l'équilibre plutôt judicieux entre les envies furibondes et pondérées de la bande de Reuno, à l'image de "Le malheur des autres", l'une des meilleures chansons du disque qui se trouve être un bon indicateur du climat de cet album en misant sur un chant mi-parlé, mi-gueulé sur une instrumentation pétulante. Il faut quand même bien cela car digérer 14 titres d'affilée à jeun n'est pas forcément une mince affaire, L'épreuve du contraire étant plutôt le genre d'album à consommer à maintes reprises pour ressentir réellement ses effets. Sans grande surprise, ce dernier, sonnant Lofofora comme jamais, devrait recevoir sans anicroche un accueil chaleureux de la part des séides et des personnes gravitant autour de la sphère rock-métal française.

Lofofora / Chronique DVD > Le grand retour

le bal des enrages - le grand retour C'était d'abord pour faire la fête sur une date, puis histoire de prolonger le plaisir, ils ont mis une tournée et comme on en redemande, Le Bal des Enragés remet ça régulièrement, avant de les revoir cet été, ils ont passé le long hiver 2012-2013 au chaud dans des salles combles. Lors de huit soirées, ils ont capté leur bonne humeur à reprendre les standards du Rock, du Punk, du Métal, de l'Indus... Devenu un véritable collectif à géométrie variable, on retrouve selon les titres des musiciens que l'on a pu voir ou voit encore avec Tagada Jones, Lofofora, Parabellum, Punish Yourself, Black Bomb Ä, La Phaze ou Loudblast (le petit Stéphane Buriez n'ayant pas pu résister à un tel programme). Une sacrée troupe qui met un sacré bordel sur des putains de chansons.

At(h)ome a la bonne idée (une fois de plus) de coupler le DVD live à un CD live et le disque n'est pas juste la bande son de la vidéo, on y retrouve certes quelques tubes présents sur le DVD mais le tracklisting apporte également 8 "bonus" avec les interprétations enragées de "My generation" des Who (toute basse en avant), du "Can your pussy do the dog" des Cramps (pour ceux qui font bien les chiens), des incontournables "Tostaky" de Noir Désir et "Antisocial" de Trust (dans les deux cas, le public est encore plus réactif), de l'hymne "'God save the Queen" des Sex Pistols, du légendaire "Ring of fire" de Johnny Cash (une chanson douce pour les vieux) ou encore "Maxwell murders" des Rancid et "Gotta go" d'Agnostic Front. Ajoute les covers de grands classiques de Marilyn Manson, Ministry, System Of A Down, Metallica, Sepultura, Berurier Noir ou encoreDead Kennedys et t'as 18 titres pour faire une paire de bornes dans la bagnole avec la banane et en hochant davantage la tête que le chiot posé sur la plage arrière.

Et oui, le gros morceau, c'est le DVD avec sa vingtaine de titres et ses images backstage... Plutôt que de prendre le titre par titre, on lance bien sûr le film et entrons au bal, populaire et enragé. Après l'intro, on se retrouve en balance à La Clef, la setlist est très longue mais avant d'attaquer le son, Reuno se lance dans les premières explications sur l'origine de ce projet de bande. C'est pas tout ça mais le matos ne se décharge pas tout seul, accompagné par la neige et Agnostic Front d'un côté à l'autre de l'hexagone, on découvre le montage de la scène et les derniers réglages avant de mettre le feu... au propre comme au figuré ! Et quand certains chantent sur scène, backstage, ça ne s'arrête pas (de chanter et boire, n'est-ce pas Vx ?), les changements de personnel, d'instruments et de déguisements se font plus en douceur que la distribution de riffs on stage (Rage Against The Machine, "Killing in the name of") où la guerre s'installe (Rammstein, "Feuer frei"). Ca descend de la canette ("Il est des nôtres" qui n'était pas sur la set list officielle) et on passe en mode keupon (Sham 69, "If the kids are united"), le temps de parler un peu des cadrages, du montage et de l'image, à part les plans larges qui sont un peu posés, le reste, c'est filmé comme il est possible de le faire au milieu d'un tel boxon, avec des petites caméras numériques, peut-être qu'un petit traitement sur l'image l'aurait rendu plus chaleureuse, le tout est envoyé de façon très énergique.

Après l'instant cuisine (autruche farcie à la chaussette) et déguisement (Stupeflip et la mise en sècne de "A bas la hiérarchie" oblige), on arrive à l'Alhambra avec un air de piano classique qui en étonnera plus d'un. Quelques pompes plus tard, "Hate to say I told you so" des Hives établit un lien avec Jimi Hendrix et son "Fire", c'est bien plus sympa qu'un plan galère sur une aire d'autoroute... Traverser le pays en tourbus, c'est pas toujours des vacances, celles des Dead Kennedys en Asie ("Holidays in Cambodia"), non plus (les blessures de guerre en témoignent). Quand Vx remonte sur scène, le punk old shcool est souvent de mise, l'amalgame The Exploited ("War") / Uk82 ("Disorder") fonctionne bien, le frigo du bus aussi. Kass et Reuno font la police suite à l'intervention de Lolo le fourbe (prochain héros de Strip-Tease ?) avec un superbe "Montre-moi tes nichons si t'as des couilles" et balancent un "Nice boys don't play rock n' roll" (Rose Tattoo).

On change les jeux de corde, on échange les vieux souvenirs entre Parabellum qui s'auto-reprennent avec "Cayenne". Petite saturation bucolique au Val d'Ajol au cultissime "Chez Narcisse" qui voit du "Beautiful people" débarquer. L'enchaînement entre Marilyn Manson et Ministry semblant naturel, il est conservé ici et on se prend donc "Just one fix" avec autant de bonheur que "La bière" (Les Garcons Bouchers avant de manger et de prendre une petite mirabelle digestive. Klodia prend le micro pour "remplacer" Joan Jett ("Bad reputation"), on reste avec Punish (mais Vx et pas mal de plans de la caméramicro) pour la cover des Stooges ("I wanna be your dog"), on rigole avec quelques vannes entre la poissonnerie et la revue de presse au troquet, la vie en tournée réserve quelques surprises... La très bonne reprise du peu évident "Chop suey" des System Of A Down n'en est pas une, l'enchaînement avec Metallica ("Enter sandman") est casse-gueule mais ça passe à l'aise, entre gens de bonne compagnie, pas de chichis... L'artificier explique un peu son métier et c'est fort logiquement l'explosif "New noise" des Refused qui nous est servi.

Les batteurs s'échauffent dans la séquence suivante parce qu'il va falloir tambouriner pour donner encore plus de relief au "Refuse/Resist" de Sepultura, il y a du monde sur la scène et le son gras tranche avec la guitare sèche (de Moustaki !?) qui déboule backstage l'instant d'après. C'est la fin du film (et du concert), et ce n'est pas Téléphone mais Trust ("Antisocial") qui fait chanter le public. La boucle se boucle avec Berurier Noir ("Vive le feu") et c'est terminé, tu viens de passer 2h20 avec Le Bal des Enragés et tu n'as pas vu le temps passé... Ils sont forts ces enragés !

Lofofora / Chronique LP > Monstre ordinaire

Lofofora - Monstre ordinaire Qu'avons-nous à rajouter sur Lofofora en 2011 ? Sérieux, rendons-nous à l'évidence. Il y a plus de vingt ans, la bande de Reuno et Phil aiguisait ses premiers couteaux à la Luna Rossa. Putain, c'est loin tout ça. Les épisodes Hôpital Éphémère, Virgin, Sriracha, des line-ups et j'en passe, ont fait de cette bête scénique un pionnier durable du rock à gros décibels en France. Une "mine" (à défaut d'une carrière, cf Interview #4 : Ted vs Reuno (juil. 2009)) qui nous amène aujourd'hui à un 8ème album studio fidèle aux principes indécrottables du groupe : rage verbale et sonore, humilité et générosité. Depuis le début des années 2000, le quatuor avait déçu certains irréductibles de la première époque. Une décennie où la place de batteur a été en majeure partie occupée par Pierre Belleville (Artsonic, Destruction Incorporated). Parti vers d'autres horizons, il a donc laissé son siège à une autre génération, celle de Vincent, arrivé en 2009, avec laquelle Lofofora a su continuer son aventure que l'on espère la plus longue et heureuse possible. D'un autre style, plus lourd et orienté stoner, le batteur de Zoe amène tout son savoir-faire et cela s'entend indéniablement. Une cure de jouvence qui marque son empreinte (j'ai mal pour la peau de caisse-claire) sur ce Monstre ordinaire doté d'une production qui vous change la face d'un groupe. Enregistré en Suisse au Rec-Studio avec Serge Morattel, producteur entre autres de Knut, Impure Wilhelmina et Year Of No Light, les parisiens d'origine passent en mode "coup de pelle", pour faire un beau parallèle avec l'intrigante pochette signée du photographe Eric Canto, également auteur, entre autres, de celles de Failles de Mass Hysteria et d'Amazing grace de Bukowski. Pesant et cradingue, le son du nouveau Lofofora sied parfaitement avec ses compositions toujours axées autour du punk, du hardcore et du métal. A des années-lumière du trop propre, froid et "métallique" Mémoire de singes en terme de production, Monstre ordinaire remet les pendules à l'heure et permet au groupe de manier son art avec brio. Sur des riffs fougueux efficaces à la pelle (désolé) alliés à des frappes chirurgicales, Reuno montre toute sa belle verve dure, familière à tous ceux qui flirtent avec la musique du quatuor depuis pas mal de temps. Un Monstre ordinaire auquel on s'attache assez rapidement, un monstre qu'on a envie de chérir, si bien qu'on oserait presque le ranger parmi le meilleur album de Lofofora depuis Dur comme fer. Un nouveau lifting. Une nouvelle ère commencerait-t-elle ?

Lofofora / Chronique LP > Lofofora

Lofofora - Lofofora C'est évidemment "l'œuf" qui focalise toutes les attentions sur ce premier album de Lofofora, pourtant cet éponyme ne manque d'autres atouts à mettre en avant. Le groupe y développe une fusion vorace qui se nourrit autant d'influences métal, funk (cette basse très présente qui jalonne le disque), punk/hardcore ("Justice pour tous") ou d'autres ramifications plus étonnantes comme sur "No facho (dub spirit)3 avec son passage reggae/dub, voir même des velléités jazzy sur l'excellent "Subliminable". Au delà de cette capacité au métissage toujours réussi, c'est son frontman, Reuno qui concentre un élément important de l'identité de Lofofora : une voix puissante au timbre très grave et chaud capable d'assurer sur des lignes vocales conventionnelles comme sur un phrasé hip-hop. Une signature vocale dont la marge de progression est encore énorme et ne fera que s'améliorer au fur et à mesure de la carrière du quatuor. D'autant plus un atout qu'il cumule "le fond et la forme" puisqu'il est également un excellent manipulateur de mots comme pouvait l'être Bruce Lee avec son nunchaku : dextérité et précision chirurgicale sont au rendez-vous pour des textes souvent empreint d'un humour corrosif ("Elvis") et d'un sens critique aiguisé à la hache. Reuno, par le biais de son cactus hallucinogène de groupe, en profite pour distribuer quelques gifles verbales et il y en a pour tout le monde : l'extrême droite avec "No facho (dub spirit)", les forces de l'ordre un peu trop zélés avec "Les meutes" et les travers de la société américaine via "Nouveau monde".
Enfin, sur ce premier album, Lofofora cultive déjà un certain esprit de la "tribu musicale" qu'ils sauront conserver durant la suite de leur carrière en multipliant les collaborations fructueuses : ils reprennent ainsi le "Justice pour tous" des Moskokids avec qui ils ont partagé un lieu de répétition (L'hôpital éphémère), ils invitent également un Oneyed Jack à venir poser des scratches sur "Holiday in France" et des Dirty District à venir ajouter leur touche sur "Baise ta vie" et "Irie style". Conclusion : un premier effort déjà excellent qui a une place à part dans la discographie du groupe de par une connotation "fusion" qu'ils délaisseront par la suite pour une mixture métal/hardcore plus traditionnelle.

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